le manuscrit de Poyanne

Un demi siècle avant de recueillir les archives du royaume de Belgique, le château de Poyanne a été dépositaire d'un autre trésor historique de grande valeur.

Il s'agit d'un manuscrit, dit de Poyanne, intitulé Historia del origen y genealogia real de los reyes Incas del Peru, daté de 1590, qui est un des seuls trois premiers manuscrits illustrés sur l'histoire du passé et de la culture inca préhispanique, et le début de la conquête et colonisation espagnole. C'est même la première version originale de la chronique historique reprise et compilée en 1616 connue sous le titre d'Historia général del Peru

Ce manuscrit a été écrit au Pérou par un moine missionnaire basque, Martin de Murúa, avec l'aide de scribes et artistes autochtones. Son auteur y a recueilli et intégré les témoignages et récits oraux de la culture inca et de l'histoire politique en général. Mais la caractéristique la plus frappante de cette chronique est constituée par les nombreuses illustrations, portraits de la noblesse inca et représentations des cérémonies traditionnelles. L'ouvrage comporte en effet 112 aquarelles magnifiques dont la grande majorité est attribuée à son collaborateur péruvien Felipe Guaman Poma de Ayala, par ailleurs auteur d'une imposante chronique plus critique achevée vers 1615.

Resté inédite pendant le XVIIe siècle, l'oeuvre disparait après le retour de Murua en Espagne en 1616. Au XVIIIe siècle, le manuscrit s 'est retrouvé en la possession du Collège des Jésuites à Alcalá de Henares en Espagne, puis conservé et découvert en 1879 dans la bibliothçque de la maison des Jésuites installée à Poyanne. Une copie du texte seul en est faite en 1890, laquelle est conservée par les jésuites à Loyola après leur retour en Espagne. Mais l'original disparait à nouveau et est longtemps considéré comme perdu. De fait, à la suite d'un parcours obscur et douteux,en Espagne et divers marchés d'art, il est acheté dans les années 1950 par un libraire à San Francisco, puis enfin revendu à un collectionneur irlandais John Galvin chez qui il est redécouvert et révélé en 1981.

La compilation et seconde version datée de 1616 a également connu de multiples péripéties, passant des mains des rois Philippe III et Philippe IV à l'université de Salamanque, puis des mains de Joseph Bonaparte tentant de l'emmener en France à celles de Wellington qui s'en empare et le conserve en Angleterre. Elle est finalement vendue aux enchères à Londres en 1979, passe par Cologne et enfin en Californie où elle est conservée dans la collection du Musée J. Paul Getty à Los Angeles depuis 1983.


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