patrimoine des Landes



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Le château situé à l’entrée du village de Poyanne (Landes) est le témoignage de la puissance de la famille noble de Baylenx dont l’origine remonte au XIVe siècle, par l’union des Poudenx et des Baylenx, et dont l’apogée se situe entre les XVIe et XVIIIe siècles. Pendant plusieurs générations, des guerres de Religion à la Fronde, de la Guerre de Sept ans à celle de Trente ans, les Baylenx de Poyanne ont accumulé titres, charges et honneurs dans le pays de Lannes, en Béarn et à la Cour de Versailles, en récompense de leur fidélité au pouvoir royal. Quatre barons puis marquis de Poyanne furent fait Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit, l'ordre de chevalerie le plus prestigieux de l'Ancien Régime, par Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, et Louis XV (" honneur qui ne se trouve que dans quatre familles du royaume", précisait le Mercure Galant en 1682)





Un survol du château endormi

vidéo réalisée par Mr. Gérard GASTON 


ARTICLE DETAILLE SUR L'ARCHITECTURE DU CHATEAU

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les origines du château




Un château féodal primitif avec motte, fossés et palissades,fut érigé, vers 1308, sans permission, non loin et menaçant le château de Saint Geours, siège du bayle d'Auribat. En 1311, des enquêteurs anglais signalèrent cette usurpation dangereuse (1). Il ne sera reconnu et légitimé qu'en 1315, date à laquelle Edouard II d'Angleterre, duc d'Aquitaine, autorisa Bernard de Poyanne à y édifier une maison forte.
(1) Item probatur quod dominus de Pojana prope castrum domini regis Sancti Georgii à tribus annis citra et in magnum detrmentum et prejudicium domini regis et dicti castri sui, edifficare incepit in loco de Pojana bastidam et quandam motam et magnum fortalicium magnis palis et vallatis clausum, ex qua mota et fortalicio castrum Sancti Georgii posset omnino diruit et damna multa pati.
Extrait du Gascon Register A - ed. British Museum - Londres-1975.

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 situation au sommet de la haute colline dominant la plaine de l'Adour,
au centre d'un promontoire en croissant,
et protégé sur trois cotés par les pentes et ravins de deux ruisseaux
issus de deux sources proches -


En 1325, une garnison de dix hommes d'armes et de soixante sergents était répartie entre Poyanne et Saint Geours.

Dans la Guyenne anglaise, aux portes du Béarn, des terres des comtes de Foix et d'Armagnac, le petit fief de Poyanne subit les vicissitudes de la guerre de Cent Ans. Il passa ainsi de la tutelle anglaise au parti français, attribué, confisqué, restitué au gré des luttes, des alliances et intérêts. Dépendants des ducs d'Aquitaine, des vicomtes de Dax puis de Tartas, Ainsi en 1364, le seigneur de Poyanne est Guiraud de Tartas, lequel est fait prisonnier en 1372 et tous ses biens confisqués par Charles V pour crime et félonie. Poyanne est alors donné à Amanieu, sire d'Albret. A cette époque le seigneur Bertrand de Baylenx semble courrir le pays en capitaine, voire routier à la solde ou soudoyé par le comte d'Armagnac avant de récupérer sa seigneurie tenue de son père Bernard et surtout de sa mère Miramonde d'Albret. (époque un peu confuse...)

Un château de pierre a vraissemblablement succédé au château primitif, dans le style gascon de l'époque, à savoir une maison forte carrée munie d'une ou deux tours.

Ce château aurait été partiellement rasé au début du règne de Louis XIII , si bien qu’il ne reste rien des constructions antérieures au XVIIe siècle, sauf le gros pavillon Est, reste du château primitif du XVIe siècle à partir duquel auraient été ajoutés le corps de logis et le pavillon central. 

Bernard de Baylenx, baron de Poyanne et lieutenant général du Roi en Navarre et Béarn, à l'apogée de sa puissance et bénéficiant des faveurs royales en récompense de sa fidélité et de ses succès contre les huguenots, lui donna sa configuration actuelle en 1624.


Il confia la reconstruction à Gratien (Gassiot) de Lerm. Celui-ci, maître architecte natif de Cadillac, fils de maître maçon, fut pendant sept ans l’apprenti de Pierre Souffron, l'architecte du duc d'Epernon au château de Cadillac, à la construction duquel il participa. Il s’en inspira sans doute pour cette construction dont certaines dispositions sont proches . Il s’établit par la suite à Bazas dont il fut l’architecte de la ville et celui du Duc d’Epernon lui-même.



Une vaste esplanade est crée au devant du bâtiment. Les travaux s’étalèrent de 1624 à 1627 pour ce qui concerne le pavillon central et celui qui l’accompagne vers l’Est. Le gros pavillon Est occupe vraissemblablement l’emplacement des restes de l’ancienne forteresse dont certains murs subsisteraient. La preuve en serait le style et la disposition des ouvertures étroites et la façade méridionale, ainsi que la création des six fausses fenêtres en trompe l’œil reprenant, pour la symétrie, les proportions et le dessin des ouvertures des autres pavillons et corps de logis. De Lerm lui-même fait allusion dans son projet de travaux à ce bâtiment déjà construit à l'époque de son intervention.

Les deux pavillons Ouest furent construits postérieurement, bien que paraissant prévus dès la conception du bâtiment.






Lors de son inventaire achevé le 17 12 1781 Maitre Camy notaire royal fait allusion a un précédent inventaire dressé par lui, et un autre par son père avant que les archives aient été enlevées et transférées " lors de la bâtisse des pavillons neufs du présent château". Donc les deux pavillons Ouest auraient été construits plus tard qu' on ne le dit, au XVIIIe siècle, entre 1771 et 1773, comme l'attestent les correspondances du dernier marquis à son régisseur

Dans un travail de 1812 sur les monuments et anciens châteaux et abbayes de l arrondissement de Dax on peut lire " il y a environ quarente ans que le vieux château de Poyanne fut démoli; ce chateau avait été très fort"

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la façade sud






Le bâtiment se compose aujourd’hui de cinq volumes décalés en hauteur formant une façade de 61 mètres sur trois niveaux :
- Un étroit pavillon central en saillie, se présente sur trois niveaux et une seule travée coiffée d’un dôme quadrangulaire surmonté d’un lanternon culminant à 30 mètres. Il est entièrement occupé par un escalier monumental.
- Deux corps de logis en retrait comportent deux niveaux au-dessus d’un sous-sol, et trois travées espacées, coiffés de combles très hauts et pentus
- Deux gros et massifs pavillons rectangulaires à deux travées, plus haut d’un étage, et portant des combles indépendants

Il s’agit là d’un château typique du règne de Louis XIII, caractéristique de la première période du classicisme français: lignes droites, recherche de symétrie, rigueur géométrique, sobriété des surfaces, voire un certain caractère robuste et massif. Par sa configuration, avec un pavillon s'insérant entre deux corps de bâtiment de plan rectangulaire prolongés par deux pavillons de plan carré, le château de Poyanne peut être rapproché de ceux de Saint-Loup-sur-Thouet ou de Cheverny.



dessin de Claudine Passicos ( bull Soc. de Borda 1987)

la façade nord







Elle présente un aspect beaucoup plus imposant en raison de la dénivellation du terrain qui transforme le sous-sol en rez-de-chaussée aménagé. L'élévation est alors ici de trois niveaux pour les corps de logis, quatre pour les pavillons et cinq pour le pavillon central dont les baies éclairent les paliers à mi-étage. (Un petit pavillon supplémentaire a été inséré postérieurement pour des besoins de service, à l'angle, entre le pavillon Est et le corps de logis voisin).




dessin de Claudine Passicos (Bull Soc.de Borda 1987)





vue ancienne ... du temps des religieuses

quelques fenêtres


fenêtre du pavillon central -façade nord-


types des fenêtres de la façade sud


types des fenêtres de la facade nord


vraie et fausse fenêtre du pavillon est

fenêtres de la façade est

types de lucarnes sud et nord




façade du pavillon Est
toutes les grandes fenêtres sont fausses



l'architecture générale





L'appareillage en harpe des angles et des baies paraît particulièrement soigné. Toutes les fenêtres ont conservé leurs frontons triangulaires et rompus, avec une boule au centre pour le premier étage, cintrés pour le second. Les fenêtres du pavillon central sont jumelées, celle du dernier étage qui mord sur la toiture a perdu son couronnement. Les pavillons des extrémités sont fortement saillants, ce qui leur permet une élévation latérale à trois travées à l'Ouest, deux à l'Est et le même rythme de frontons qu'à la façade Nord.



Les murs sont en maçonnerie ( pierre "ribot" - moellons ) crépie, avec des chaînages de pierre aux angles et autour des fenêtres à meneaux, certaines surmontées de frontons cintrés. Mais la multiplication des recrépissages de la façade ont atténué son relief et empâté les chaînages d'angle et les appareillages en harpe des fenêtres dont la plupart des frontons ont disparu. La restauration entreprise a permis d'y remédier.

L'ensemble évoque assez nettement les rythmes de Cheverny dont on date la construction entre 1625 et 1629 voire 1635. donc contemporain de l'édification des pavillons du coté est.



Au dessus de la porte d'entrée, flanquée de pilastres dont la boiserie garde un décor de chutes de fruits, se trouve un balcon supporté par d'énormes consoles comme à l'entrée de Cadillac. La fenêtre de l'étage est la seule à avoir conservé un fronton rompu. Un double bandeau marque la séparation des étages et se poursuit tout le long du bâtiment en unifiant les différents corps. La corniche est composée de lourdes consoles.
Les lucarnes appartiennent à deux types différents: Pour les pavillons, une base plus étroite, en plein cintre, surmontée d'un fronton et encadrée d'ailerons ; pour les corps de logis, une fenêtre rectangulaire, à croisillons, avec également fronton cintré et ailerons. Le petit oculus ovale du dôme paraît tardif.




Une corniche à grosses consoles règne à la naissance des toits à forte pente

La charpente d'origine, en chêne, notamment celle du dôme, mérite l’attention. La tradition a retenu celle de son auteur : Jehan Petit. Le couvreur est le Bordelais Thibaut Bathier, qui termine son travail en 1627.


porte du pavillon central -façade nord

ICI
Un article plus détaillé sur l'architecture générale de château

Poyanne se classe parmi les grands châteaux classiques de l'époque Louis XIII.
Ses façades et toitures sont classées Monuments Historiques depuis le 21 octobre 1957.

le pavillon le plus ancien, imaginé sans les fausses fenêtres de la façade aménagée postérieurement.

René Ollivier et sa maquette du château
(d'après photo Sud-Ouest)





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